Analyse de la situation actuelle
LA SITUATION ACTUELLE
La LRU (Loi Responsabilités et Autonomie des Universités), contrairement aux allégations gouvernementales, n’a pas donné aux universités les moyens de choisir leur politique en matière de formation et de recherche. Elle est, en réalité, un instrument de mise au pas de la communauté universitaire.
Dans la droite ligne de l’idéologie néolibérale de l’ « économie de la connaissance », formalisée depuis le processus de Bologne (1999) et la stratégie de Lisbonne (2000), la politique de financement sur projets, les critères d’éligibilité des plans d’excellence ont imposé aux universités prétendument « autonomes » une recherche permanente de fonds propres pour équilibrer leur budget. Ce sont les dotations privées par les fondations, la sollicitation accrue des collectivités locales (un des critères du plan campus : 1€ d’apport pour 1€ de subvention d’État), l’encouragement à créer des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) pour valoriser financièrement les activités de recherche, etc. La politique de formation, de recherche et de gestion des personnels de nos universités est de plus en plus dictée par les injonctions des acteurs économiques, via notamment les critères d’éligibilité des appels d’offre.
Or, nous ne nous retrouvons pas dans les critères d’éligibilité des appels d’offre d’ « excellence » [1].
Leur respect impose en effet l’abandon de notre liberté et de notre indépendance dans le développement de nos formations et de nos activités de recherche. Ces modèles vantent la mise en concurrence entre personnels, étudiants, formations, équipes de recherche, établissements pour mieux soumettre le service public de l’Enseignement Supérieur au modèle marchand.
C’est la raison pour laquelle — sans parler des conditions d’opacité dans lesquelles a été élaboré ce projet — nos élus FSU-CGT ont voté contre le projet de dépôt IDEX 2 au sein du CA de l’université Lille 1 et pourquoi ils continueront à s’opposer à cette logique dite « d’excellence » qui cache mal, derrière les termes d’attractivité, de valorisation, de performance ou de qualité, la logique d’exclusion de thèmes de recherche, de formations dispensées, de personnels ...
Ce n’est pas notre modèle d’université ; ce ne sera pas notre programme !
Une course folle au gigantisme pour l’Enseignement Supérieur Régional
Les projets successifs d’Université régionale puis d’Université de Lille ont toujours été pilotés par les seules présidences d’établissement au gré des intérêts politiques ou financiers, et en succombant à l’attrait du chant des sirènes des appels à projet d’excellence. La course au gigantisme menée au nom de l’idéologie de la lisibilité conduit malheureusement à taire les intérêts en terme de service rendu aux étudiants et aux personnels.
Le choix de la présidence de Lille 1 d’abandonner les universités non métropolitaines n’a abouti qu’à laisser le PRES Lille Nord de France aux mains des lobbys religieux et privés, avec de surcroît un piètre résultat concernant les projets d’excellence que l’université de Lille devait (rem)porter : échec à l’IDEX2, échec à l’IDEFI Lille-Evolutions.... Pendant ce temps-là, aucune réforme du PRES n’a été engagée, lequel reste de fait l’interlocuteur des collectivités alors même qu’il fonctionne dans la plus grande opacité.
Notre position quant au rapprochement des trois universités lilloises sera la même que lors du projet d’université régionale. Nous sommes en faveur d’une véritable coopération, car la concurrence au sein d’un même service public n’est pas propice à un usage responsable des deniers publics, tout en étant stérile du point de vue de la qualité du travail. Cette coopération n’impose pas forcément une remise en cause de nos statuts.
Pour autant, aucun rapprochement ne peut se faire sans avoir, au préalable, appris à se connaître. C’est pour cette raison que nous refusons les calendriers contraints. L’ensemble des personnels doivent être informés et consultés sur de tels projets. Un temps de réflexion et de débats ouvert à tou(te)s est nécessaire.
Nous continuerons à travailler en coordination avec nos représentants des autres universités, en vue de répondre aux questions essentielles suivantes :
Comment améliorer le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche en région ?
En quoi la création d’une Université de Lille y contribuerait-elle ?
Quelles en seraient les conséquences sur les conditions de travail des personnels ?
Comment un fonctionnement démocratique des instances pourrait-il être préservé, voire amélioré ?
Nous considérons en effet que les réponses à ces questions, et non la course aux dépôts d’appel à projets d’excellence, doivent définir la politique régionale de l’ESR.
Pour suivre l’ensemble des débats sur l’université de Lille et nos contributions, se référer à la rubrique : http://snesup.univ-lille1.fr/site/spip.php?rubrique43
[1] Pour se convaincre des exigences imposées par ces critères, il suffit de consulter les critères rendus publics de l’examen par le jury des soumissions IDEX2. Quelques exemples de ces critères : En matière de périmètre de recherche : Le projet a-t-il défini des critères de sélection des équipes scientifiques de haut niveau ?Formation : L’offre de formation présentée est-elle définie en cohérence avec la puissance scientifique du périmètre d’excellence ? L’offre est-elle déjà attractive et des recrutements d’étudiants de qualité sont-ils garantis ?
Politique des ressources humaines : Le projet intègre-t-il un volet consacré à la politique des talents ?
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