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Initiatives d’excellence : gare à vos financements recherche !
Labex, Equipex, IDEX pour quelques-uns, Kleenex pour tous les autres ?
L’épuisante et frénétique période de dépôt des dossiers de réponse aux appels d’offre "d’excellence" (Labex, Equipex, IDEX,...) touche bientôt à sa fin, et la communication gouvernementale fait miroiter des milliards à la clef pour les lauréats [1].
L’effet concurrence jouant à plein, rares sont ceux qui osent se rebeller contre les exigences ministérielles toujours plus élevées associées aux appels d’offre, permettant ainsi de restructurer à marche forcée la recherche et le paysage universitaire français au profit des secteurs jugés les plus rentables commercialement et à court terme. Mais peut-être que certains commencent à prendre conscience des ravages de ces politiques : la présidente de l’Université de Montpellier 3 vient de décider de retirer son établissement du projet de
fusion des universités montpelliéraines associé au projet IDEX, et donc dudit projet d’excellence aussi. (en savoir plus)
Hold-up sur les financements régionaux de la recherche
En dehors des effets de "label d’excellence", sensés grâce à la reconnaissance des meilleurs avoir un rayonnement sur l’ensemble des laboratoires d’un établissement, ces restructurations vont avoir pour effet principal de concentrer pratiquement tous les moyens sur un tout petit nombre d’heureux élus excellents.
En effet les crédits associés à ces projets ne seront pas seulement de source ministérielle.
Le gouvernement a fait savoir aux collectivités territoriales que les projets déposés seront jugés faibles s’ils ne bénéficient pas d’un accompagnement fort des collectivités territoriales, au premier rang desquelles les régions.
Celles-ci sont donc sommées de s’engager sur des financements complémentaires pour que les projets portés par les universités et organismes dans leur territoire gardent une chance d’être élus, sans que la hauteur de l’engagement acceptable attendu par le ministère soit précisée. Pour faire partie des régions qui auront des projets d’excellence [2], il faut donc promettre gros.
Naturellement, le budget consacré à la recherche et l’enseignement supérieur par une région qui en a pris la compétence n’est pas extensible. Et il le sera d’autant moins dans les années à venir que la réforme de la taxe professionnelle prive les régions de revenus et d’un levier pour augmenter leur budget.
Naturellement, il faudra assurer prioritairement les engagements pris antérieurement dans les projets d’excellence.
Naturellement, il faudra donc restreindre les autres financements accordés à la recherche ou aux établissements d’enseignement supérieur.
Ainsi, pour 2012, en Nord-Pas de Calais, selon les réponses fournies par Sandrine Rousseau, Vice-Présidente Enseignement Supérieur et Recherche du Conseil Régional, aux questions du SNESUP, les obligations de financement du plan Campus lillois vont très fortement grever le budget ESR de la région.
Et si des projets d’excellence sont retenus dans notre région, il y a fort à craindre que cela n’assèche complètement toute autre possibilité de financements régionaux en matière de recherche et d’enseignement supérieur.
Or malgré les effets d’annonce ministériels, parallèlement, les crédits ANR diminuent, (voir l’analyse budgétaire pour 2011) , et ils vont prioritairement aller aux projet des laboratoires d’excellence. Et comme la grande majorité des laboratoires restera "hors Labex", les sources de financement possibles de la recherche universitaire vont se tarir sévèrement...
Autrement dit, à ceux qui ne sont pas rattachés à un quelconque Labex-Equipex-IDEX, il ne restera que les yeux pour pleurer. On leur trouvera bien un petit Kleenex ?
.
[1] Malgré cela, un bon nombre d’entre nous est conscient que, hormis les crédits attribués pour les équipements, les financements supplémentaires à venir pour le fonctionnement de tous ces "machins d’excellence" ne sont pas si faramineux, et sont peut-être un peu aléatoires, puisqu’ils proviendront des intérêts du placement d’un capital, lui-même provenant du "Grand Emprunt" pour lequel l’Etat français va donc payer des intérêts. Ceux qui vont à coup sûr "toucher un max" sont donc plutôt les actionnaires et hauts responsables des banques gérant tous ces emprunts et placements...
[2] il n’y en aura pas pour tout le monde, sinon, ce n’est plus de l’excellence, c’est bien connu
Claire Bornais
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