Echec de la Structuration régionale : La formation des enseignants, un cas d’Ecole
La formation des enseignants : Illustration de la nécessité d’une Université Régionale ?
L’histoire de l’intégration de l’IUFM, de la réforme de la mastérisation de la formation des enseignants dans le contexte de l’accession aux Responsabilités et Compétences Elargies démontre que
la concurrence entre les universités est de plus en plus exacerbée,
le PRES est incapable de garantir une coopération.
Alors, une Université régionale publique et laïque en serait-elle capable ?
Voici un bref historique de la question de l’IUFM en Nord Pas de Calais suivi par un exemple toulousain montrant que ce type de question peut amener la menace de l’arrêt des enseignements dispensés.
Le Hic, c’est que l’IUFM doit être intégré à un seul établissement. Dans le Nord Pas de Calais, 4 universités se portent candidates Lille 1, Lille 3, Valenciennes et Artois, et c’est l’université d’Artois qui est choisie. L’université d’Artois a alors déposé un dossier de candidature rédigé selon le cahier des charges défini par l’arrêté du 19 décembre 2006, faisant valoir notamment la proximité de certains lieux de formation communs (Arras et Douai) et l’aménagement territorial régional. La multipolarité, partagée par l’université et l’IUFM ainsi que la pluridisciplinarité et la mixité des statuts des personnels enseignants, ont été mises en avant comme facteur de rapprochement entre les deux établissements.
Juin 2007, L’université d’Artois est donc désignée par le recteur de l’académie de Lille comme établissement de rattachement de l’IUFM Nord Pas de Calais. Avec l’intégration de l’IUFM, les personnels IUFM constituent plus d’un tiers des personnels de l’Université d’Artois et l’apport en immobilier est de 62 bâtiments doublant la surface du patrimoine de l’Université d’Artois (rapport de la cour régionale des comptes : 297 enseignants et assimilés sur 805 au total, chiffre 2009, 259 biatoss sur 595 emplois).
Puis 2010, mise en place de la mastérisation des formations d’enseignants. L’Université d’Artois porte désormais le master PE et les master d’enseignants du second dégré sont cohabilités. Un protocole d’accord est signé le 13 janvier 2010 entre les 6 Présidents d’université.
Rentrée 2010-2011, les étudiants essuient les plâtres de cette réforme qui, contrairement à ce qui était proclamé, a mis à mal la formation professionnelle en alourdissant les charges durant l’année de stage.
Moins de 4 mois après, l’Université d’Artois présente la facture pour la participation de ses enseignants aux UEs professionnelles des masters d’enseignant du second dégré et prévient que pour 2011-2012, il appartiendra aux universités de prendre en charge le financement de ces masters MEEF intégralement et notamment de recruter les personnels nécessaires. Le président de Lille 3 s’indigne dans un courrier envoyé aux présidents d’université, y voyant une illustration du « chacun pour soi » et une rupture de l’accord de Janvier 2010.
La liberté de recrutement « accordée » à chaque établissement fait courir un risque à ceux des personnels de l’IUFM qui pourraient n’être pas retenus par tel ou tel établissement. Enfin, ce courrier du président de l’université d’Artois signifierait sa décision de capter les moyens qui lui furent confiés comme université intégratrice.
Quel scénario futur ? Celui de Toulouse ?
ci-dessous des informations provenant d’une élue SNESUP au conseil d’école de l’IUFM Midi-Pyrénées
Le 18 janvier dernier, au cours d’une journée banalisée à l’IUFM Midi-Pyrénées, les personnels ont appris l’existence d’un courrier écrit par le président de l’Université de Toulouse 3 (UT3) à celui de l’Université de Toulouse 2 (UT2 qui a intégré l’IUFM) mentionnant clairement que les enseignants de I’IUFM-UT2 des filières scientifiques du site de Rangueil à Toulouse n’interviendraient plus dès la rentrée dans les masters "enseignement" des filières scientifiques monohabilités par UT3 qui refuse de payer la facture d’une monohabilitation imposée au mépris des personnels instrumentalisés dans des formations censées préparer aux métiers de l’enseignement dans ces filières.
Bien que prévisible au vu de l’enlisement dans un conflit sordide qui dure maintenant depuis plus de deux ans, au vu de la dégradation des relations entre les deux universités sur cette question en lien avec l’intégration de l’IUFM et le passage aux compétences élargies, au vu du refus de la présidence d’UT3 de recevoir l’intersyndicale de l’IUFM Midi-Pyrénées, cette annonce à provoqué un profond émoi chez les formateurs IUFM des filières scientifiques malmenés depuis deux ans. En l’absence d’informations claires relatives à leur avenir proche, ils ont décidé de suspendre leurs interventions dans les masters ’enseignement’ monohabilités UT3 à partir de demain, lundi 14 février 2011, 8h et de se réunir en assemblée générale ce même lundi au matin afin de décider des actions à mener.
Après l’intégration et la mastérisation, les personnels des IUFM subissent en première ligne et de plein fouet les effets nocifs de la LRU.
Tout cela était prévisible, on peut continuer à s’en indigner mais cela ne suffira pas. Il faut apporter des réponses aux personnels des IUFM. Que vont-ils devenir ?
(Marie-France Carnus, Elue SNESup au Conseil d’Ecole IUFM Midi-Pyrénées
Ecole interne de l’Université de Toulouse 2-Le Mirail)
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