CR de la réunion-débat IDEX du 3 février 2011
Introduction par CV :Rappel, Plan de Relance, Grand Emprunt se dénommant depuis Plan d’Investissement pour l’Avenir et dans le volet Recherche et Développement, les appels à projet Equipex, Labex et Idex (cf site ANR pour le détail).
Même si l’idée d’investir dans la Recherche et l’Enseignement Supérieur est louable, elle se fait une fois de plus dans la même logique que les plans campus, de concentration des moyens sur quelques projets après avoir lancé, Etablissements et Collectivités Locales, en concurrence entre eux. On y retrouve les arguments d’excellence, de lisibilité internationale, d’incitation à intégration, de chasse aux financements externes. Nous sommes donc toujours dans la substitution du financement récurrent par des financements sur projet. Ce mode d’appel à candidature est un mode efficace imposant aux universités les modes de gouvernance et de gestion des ressources humaines en vogue au ministère.
Au-delà de l’espoir de ressources supplémentaires (une dotation en capital pour 6 IDEX apportant de l’ordre de 40 millions d’euros par an sur 10 ans), et sans débattre ici de la qualité scientifique des projets, il est urgent d’informer les personnels et étudiants des conséquences délétères de l’application des critères d’éligibilité :
accélération de l’intégration au sein des PRES,
création d’une Fondation de droit privé pour la gestion des fonds,
fléchage irréversible des moyens financiers et humains essentiellement sur le seul périmètre d’excellence,
gouvernance exempte de représentation des personnels et étudiants,
GRH décomplexée : chasse aux « hauts potentiels », primes, modulation à la baisse des services, chaires d’excellence,...
Toutes ces orientations qui ont été combattu par les universitaires en 2009. La logique du calendrier serré permet d’éviter tout débat au sein des Conseils des Universités avant l’envoi des candidatures. Pourtant, la mise en place de ces IDEX auront des conséquences bien plus néfastes que la loi LRU.
Distribution à l’appui de cette analyse, d’une étude des quelques IDEX (cf fichier joint). L’alignement de tous les projets sur les points cités plus haut n’est que l’obéissance aux critères d’évaluation précisés par le guide de l’ANR.
Ouverture du Débat :
SR : porte la position du Conseil Régional. Elle note l’effort réalisé par la gauche pour dénoncer les dangers de l’IDEX, défend à titre personnel la création urgente d’un pôle universitaire public et laïc pour compenser l’effet structurant du PRES, précise que le CR a choisi de financer pour 10 millions d’euros par an les projets structurants : ADA, IHU, et la fondation du PRES. Il faut être pragmatique. On n’a pas légitimité à s’opposer à l’IDEX surtout en l’absence de mobilisation des universitaire contre ce projet. Elle cite la lettre envoyée à tous les élus du Conseil régional par le Snesup académique et précise qu’il y aura une réponse officielle. Cette lettre a été reçue après le dépôt du projet d’IDEX. Certes, il y a eu la motion votée au CA de Lille 1 du 17 décembre, mais le CA de Lille 3 a au contraire voté une motionprécisant que l’on va pas assez loin
...
YS : On ne pouvait pas attendre d’expression dès lors qu’aucun document n’a été diffusé avant le dépôt de candidature. Nous n’avons aucune information sur cette fondation. Elle n’a été évoqué qu’hors de l’ordre du jour par T Lepers au dernier CA de Lille 1.
CB : Le Snesup s’est exprimé contre les IDEX sans pour autant appeler au boycott des dépôts de candidature car on on peut pas être suicidaire. Elle donne l’historique du courrier du Snesup aux élus du Conseil Régional. Il s’agit de les interpeller sur la cohérence des discours politiques entre le nécessaire développement de l’ensemble du territoire et l’accès à un service public d’une part et de l’autre, le soutien apporté par les élus à toutes ces initiatives d’excellence avec les fonds publics.
MNA : La question de fond est que l’on peut s’étonner que 20 régions sur 22 sont gouvernées par la gauche et que pour autant, elles soutiennent ce type d’initiative sans aucune réflexion critique pour mettre un frein à cette logique d’excellence. Dès lors l’interpellation des élus est l’occasion de demander une véritable alternance politique. Sur ces projets IDEX, il n’y a eu aucune consultation. Au mieux, nous avons été informé qu’un dossier a été déposé. Comment admettre un tel manque de concertation sur un projet structurant. Il nous faut contribuer au plus vite à l’information des personnels.
GS : Qui a écrit ce projet au sein du PRES ? Quelle est la position par rapport au PRES de cet IDEX ? S’agit-il de viabiliser financièrement un PRES au fonctionnement opaque dénoncé par tous ? Peut-on dès lors défendre le risque de perdre 40 millions d’euros en torpillant cet IDEX pour éviter la montée en puissance du PRES.
SR : Les régions travaillent à un texte politique au sein de l’ARF, Association des Régions de France. Le projet IDEX a fait l’objet d’une réunion du bureau du PRES élargi à La Catho et au représentant sur Conseil Régional. Il a fait appel à une consultante. Ceci avant les congés de fin d’année. Par contre ensuite, cela nous a échappé. On nous a demandé une réponse sur un texte envoyé la veille à 22h30 pour le matin 8h30 ! Torpiller le dossier n’est pas raisonnable. Il faut savoir que les intérêts de l’emprunt finançant ces Idex sont déduits des budgets de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
IB : Le calendrier intenable interdisant toute consultation est un outil de mise sous pression des régions et des universités. Il s’agit de mettre en compétition. Personnellement, je ne suis pas favorable à une Université regionale qui serait au service des collectivités locales et oublieraient ses missions universelles et internationales. Les projets IDEX valident une logique d’indicateurs, « benchmarking », outil efficace de management avec un modèle proclamé de Manchester pour l’IDEX Lille Nord de France qui est inquiétant quand on connaît la situation difficile de Manchester (licenciements, suppression de départements,...).
JB : Le président de l’IDEX doit être reconnu scientifiquement mais aussi en tant que manager. C’est tout dire. Son pouvoir sera plus grand que celui des présidents d’université post-LRU. Si les universitaires réagissent peu, c’est pas seulement par manque d’information mais aussi car ils doutent de la réussite de l’IDEX en cette région. On parle toujours d’une grande université régionale laïque mais La Catho est dans tous les projets déposés. On peut douter de son éviction.
MD : Le gouvernement a renforcé son pouvoir sur les universités via les financements sur projet. Nous sommes confrontés à une entreprise de communication mondiale sur le modèle universitaire. Les textes des projets IDEX ne font que décrire la mise en oeuvre de la politique souhaitée par le ministère.
JR : Il faut oeuvrer à l’université publique régionale pour avoir du poids face à La Catho.
JA : Le PS est en phase avec la politique entreprise depuis 2007 par V Pécresse. Cela explique le soutien des régions à ces projets. Le Président de Lille 2, président du PRES ne rêvent que de prendre les rênes de l’Université de Lille.
HZ : La décision du choix des gagnants à l’appel à projet IDEX sera politique. On ne croit pas au succès de l’IDEX Lille Nord de France mais l’appel à candidature a déjà des conséquences tragiques pour nos laboratoires. On casse les laboratoires classé A et A+ pour sortir les équipes A+. C’est une entreprise de destruction. Sur l’université régionale, nous sommes toujours sur la défensive. Les GTInterU ont montré la grande défiance entre les universités régionales. On semble donc y aller en ordre dispersé. On est plus dans l’agitation que dans la construction.
CB : Il faut construire une résistance et ces GT interU peuvent être le lieu d’échanges le permettant.
MNA : Il faut mobiliser même si l’IDEX a peu de chance de succès car il y aura toujours des lotes de consolation qui imposeront les mêmes règles de soumission à ces critères d’éligibilité. Même si informer n’est pas facile, c’est notre devoir.
YS : Il faut concentrer notre effort sur les quelques espaces ténus qui subsistent pour échanger. Nous avions porté la demande récurrente de rencontre entre CA suite au plan campus sans succès. Les GTInterU même si seul l’interCA continue de se réunir sont à investir. C’est un outil d’échange d’informations entre élus d’universités différentes. On doit se saisir des ordres du jour. Même si à tire personnel, je ne sais pas encore si je suis pour ou contre le projet d’université régionale.
RS : Le PS est tiraillé par des courants. Il n’est pas si homogène que l’on dit. Pour construire une riposte, seul un acteur collectif peut l’entreprendre à l’image des syndicats. Sur l’université régionale, sans penser qu’il s’agit d’un objectif en soi, c’est une tactique permettant de construire un ensemble en face du PRES. Faute de quoi, il ne restera que l’IDEX et des Pôles Universitaires de Proximité.
BB : Il est nécessaire de recadrer l’IDEX dans une perspective syndicale et politique. Jusque la LRU, nous étions dans un modèle de cogestion universitaire. C’est révolu. Le pouvoir est concentré dans les seules mains de la Présidence des universités. Tout est mis en oeuvre partout. L’alternance politique n’a que peu d’influence... La question est de savoir comment infléchir cette politique faute de quoi les syndicats resteront cantonnés dans la négociation salariale ou la défense de post-doctorants... L’enjeu politique réside en le scrutin de 2012.
HZ : Ne pas se perdre... L’université régionale est à construire. A l’opposé des ces projets IDEX, il nous revient de la construire. Elle ne nous est pas imposée. C’est déjà une motivation pour y travailler.
IB : Attention à ne pas prendre au sérieux ces IDEX. Il y aura un second tour pour imposer et étendre ce modèle.
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