La présidence de l’Université d’Artois s’allie à l’Institut Catholique de Lille
Grâce à la concurrence entre universités sauvagement exacerbée par la loi LRU, et à la réforme de la formation des enseignants, l’enseignement supérieur privé se renforce...
L’Institut Catholique de Lille a ainsi passé une convention avec l’Université d’Artois en novembre 2011 (non soumise au CA de l’Université d’Artois) pour la délivrance de 5 licences et 6 masters, et un avenant à cette convention (présenté au CA celui-là...) vient d’être adopté en février grâce à la voix prépondérante du président (10 pour, 10 contre), pour la délivrance de 8 master d’enseignement (qui ne faisaient pas partie à notre connaissance des formations dispensées par l’ICL auparavant). Pour plus d’infos sur les formations concernées, voir la convention en cliquant ici
Pour plus de détails sur toutes ces questions, lire également sur le site du SNESUP national l’article sur la conférence de presse donnée par les militants SNESUP-FSU de l’Université d’Artois, et les étudiants mobilisés de l’IUFM Nord-Pas de Calais, pour dénoncer des dysfonctionnements graves nuisant au service public...
Lire également la réaction indignée du conseil de l’IUFM.
Remarques
(personnelles de la rédactrice de cet article, qui entend régulièrement reprocher par certains aux syndicats de nuire au service public par leurs actions revendicatives) :
l’Université d’Artois n’est pas la seule université à avoir des conventions avec l’ICL, qui en a également avec Lille1, Lille2, et l’ULCO au moins dans l’académie à notre connaissance (ainsi qu’avec Toulouse 1...). Voir par exemple le CR d’un CA récent de Lille1 qui en a discuté.
en facilitant l’ouverture de nouvelles formations amenant à des diplômes de l’Etat dans un institut privé non laïque, l’Université d’Artois aide sérieusement la concurrence, et à court ou moyen terme affaiblit le service public d’enseignement supérieur (et donc celui de la recherche aussi). On se demande donc bien quel est l’intérêt que voit la direction de cette université à mener une politique consistant à "scier la branche sur laquelle on est assis"...
MAIS sans l’intervention de nombreux personnels enseignants des universités publiques dans ces formations, l’ICL n’aurait pas en nombre suffisant les personnels possédant les compétences nécessaires pour les assurer ! (selon des propos convergents d’interlocuteurs affirmant connaître la situation à l’ICL). De plus, ces interventions se situant pratiquement toutes dans le cadre de rémunérations complémentaires, elles permettent à l’ICL d’abaisser ses coûts de main d’oeuvre (par rapport à des embauches qui seraient nécessaires).
Les collègues des universités publiques qui enseignent dans ces formations, et qui servent ensuite de caution scientifique dans les maquettes, contribuent donc tout autant à "scier la branche", chacun à leur niveau...
Rappelons également que toute intervention rémunérée d’un fonctionnaire en dehors de son temps de travail de référence est réglementairement soumise à une autorisation de cumul de rémunération, et si cette demande d’autorisation de cumul n’est pas faite par l’intéressé, celui-ci encourt des poursuites et des sanctions. Les directions d’université qui autorisent ces cumuls (ou tolèrent leur existence sans demande d’autorisation) participent donc également de cet affaiblissement du service public...
un peu d’éthique de chacun et d’intelligence collective suffiraient pourtant sûrement à lutter efficacement contre le problème d’une concurrence délétère pour le service public. Est-ce trop demander au milieu universitaire ?
Claire Bornais
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