Communiqué du 19 Avril du Snesup sur le rapport Jolion
RAPPORT JOLION : UNE PARTIE DE NOS ANALYSES VALIDEES, RIEN SUR LA RENTREE 2011 !
Le rapport sur la mastérisation de Jean-Michel Jolion (*), président du comité de suivi du Master et délégué général du pôle de recherche et d’enseignement supérieur (PRES)
Depuis octobre 2010, Jean Michel Jolion mène à la demande de la ministre une mission d’approfondissement de la question de la formation initiale des enseignants. Cette mission devrait aboutir en fin d’année universitaire.
Devant l’urgence de la situation, le président du Comité de suivi Master a rendu public son rapport d’étape. Pourtant, supposé dégager sans attendre de nouvelles pistes, il ne présente aucune mesure pour la prochaine rentrée, dont tout laisse penser qu’elle verra croître les difficultés frappant l’ensemble des acteurs de la formation des enseignants.
Ce rapport d’étape pointe les conditions désastreuses d’élaboration et de mise en œuvre de la réforme : « Décriée parce [que la réforme] a principalement été amorcée pour des raisons budgétaires, cette réforme n’a jamais été mise en situation de pouvoir être élaborée en lien avec l’ensemble des acteurs. Au delà des difficultés inhérentes à toute réforme et à sa phase de construction, cette réforme porte en elle les écueils qui pourront être levés par de simples ajustements ». Si cette dernière phrase minore les corrections à apporter, le reste du rapport est un sévère réquisitoire pour le pouvoir en place et prescrit en creux une remise à plat complète de la réforme, En filigrane, certaines des solutions appellent une plus grande implication du ministère, notamment sur les financements.
Dans ce rapport, J. M. Jolion pointe de manière factuelle un certain nombre de griefs :
absence de la mise en place d’outils qui permettraient de superviser cette réforme (éludant l’absence de tout bilan contradictoire de la formation des enseignants sur les 20 dernières années).
échec patent pour les filières conduisant aux concours pour les lycées professionnels ou l’enseignement technique, ou les CPE …
problèmes liés à la certification, notamment avec l’exigence du CLES 2 compte tenu du niveau en langues en France
problèmes des reçus-collés, avec mise en avant d’une piste originale spécialité réservée aux titulaires d’un master développée à Lyon 1 -, mais aussi des étudiants validant leur Master en Septembre o problème de la ré-orientation, qui n’a pas été construite de manière réalis
dans les maquettes de master (4 mois pour les élaborer au lieu des 24 mois nécessaires), et qui ne passionne pas les étudiants,
absence de cohérence territoriale, notamment au niveau des stages,
problème de financement des IUFM, et au-delà du désengagement de l’Etat dans l’ensemble de la Formation des enseignants,
surcharge de travail pour les étudiants de master : « Le système actuel met les étudiants en situation d’échecs par accumulation de contraintes au lieu de les mettre en situation de réussite ».
La charge la plus sévère porte sur les concours : « Un concours de plus en plus inadapté » peut-on lire comme titre de la partie 8. J. M. Jolion souligne la déconnexion unanimement ressentie entre le concours et le métier. Il revient aussi sur la place du concours (constat unanime que celle qui a été choisie est la pire), confortant de fait la position du SNESUP. Jean Michel Jolion avance ce qui est à son sens, « la moins mauvaise des solutions » : positionner l’admissibilité en fin de M1. Il avance quelques raisons (possibilité d’une vraie alternative aux étudiants non admissibles, possibilité d’une vraie année avec formation professionnelle et initiation à la recherche, réduction de la sélection sociale). Mais il faudra attendre le rapport final pour avoir l’ensemble des arguments. Il demande aussi la publication pluri-annuelle des emplois pour éviter que des étudiants se fourvoient dans des filières où les postes ne seraient pas ouverts, ce qui converge avec une revendication du SNESUP.
Si Jean Michel Jolion conforte l’existence et le rôle des IUFM c’est pour les transformer en service commun inter-universitaire de formation (article L714,2), leur laissant la capacité de proposer une offre de formation. Cette solution n’est pas compatible avec la conception d’une offre de formation universitaire telle que nous l’envisageons, impliquant les équipes de formation et de recherche. Sans rejeter la piste de l’alternance, il prend d’ores et déjà ses distances avec le projet du ministère : elle ne doit pas être conçue comme simple moyen de financement, ou encore une réelle articulation entre volet académique et volet professionnel doit exister.
Le SNESUP refuse tout Master en alternance qui substituerait des « alternants » à des enseignants titulaires. Le SNESUP, pour sa part, poursuit son travail de réflexion et d’élaboration de propositions visant à une réelle formation scientifique et professionnelle liée à la recherche de tous les futurs enseignants, dont la qualification soit reconnue par un Master et constitue une réelle élévation des qualifications. Cela exige l’abrogation de l’actuelle réforme, et non de simples mesures d’adaptation. Dans l’immédiat, le SNESUP exige des mesures transitoires pour la rentrée 2011, tant pour les actuels admissibles, que pour les futurs candidats aux concours.
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