Détails du plan de "redressement" lillois, et pourquoi ça risque de se renouveler les années suivantes
Les mesures pour 2019
Lors d’une audience de la FSU avec le président de l’université de Lille, le 24 octobre dernier, les membres de la délégation FSU ont interrogé le président sur les questions d’actualité. Voici les réponses aux questions et demandes de précision de la FSU sur les mesures de plan de redressement évoquées en CODIR le vendredi 19/10 et dont la FSU a eu des échos :
- l’université va pourvoir, sur les crédits spécifiques dans le cadre de la loi ORE, une quinzaine de postes, pas forcément des personnels enseignants, mais probablement principalement des enseignants ou enseignants-chercheurs (selon les demandes des composantes)1, et pas forcément des titulaires, pour les filières en tension (qui seraient a priori les sciences de l’éducation, droit/sciences po/AES, STAPS). Les arbitrages sont encore en cours (au 24/10).
- 13 postes de PRAG-PRCE seront publiés
- Pas de publications de postes d’enseignants-chercheurs titulaires, mais des embauches de contractuels possibles, selon les besoins reconnus dans les secteurs, à déterminer. La FSU fait remarquer que la méthodologie semble aveugle pour définir la subsidiarité dans l’université et que c’est problématique pour les secteurs où beaucoup de départs à la retraite sont annoncés sur la même période. Le président indique qu’il n’a pas encore une cartographie très précise de la répartition des emplois dans l’université et qu’il y a peut-être • des marges à ce niveau (secteurs ayant des effectifs plus importants que d’autres au regard de leurs charges)
- sur les postes BIATSS, 66 seraient publiés en concours « classiques » en espérant y stabiliser des contractuels actuels (concours Sauvadet terminés), 23 seraient des postes de contractuels en renfort d’activité, dont un certain nombre pour des bénéficiaires de l’obligation d’emploi (personnels handicapés).
- sur la « rationalisation » de l’offre de formation, le président affirme vouloir laisser cela aux composantes, arguant de l’impossibilité pour la direction de définir ce qu’il faut supprimer et de la nécessaire réflexion à avoir sur les évolutions des métiers à envisager pour l’avenir, qui relève des spécialistes des champs scientifiques concernés. (son exemple : la médecine). Il pense également que l’offre de formation est encore trop tubulaire. La FSU indique que sans directives claires, cela ne peut qu’augmenter la conflictualité au travail dans les composantes, ce qui ne peut être que néfaste au fonctionnement de l’université, et que la direction doit définir le cadrage pour cette « rationalisation ».
Pourquoi cela risque de se renouveler les années suivantes
On peut douter que ce plan de redressement suffise à contenter le ministère : quand le rapport de l’IGAENR sur l’université de Lille dit qu’il faut diminuer de 2 points la masse salariale dans la part du budget de l’établissement (pour passer de 85 à 83% des recettes décaissables de l’établissement dédiées à la masse salariale), et qu’on veut obéir, il faut diminuer la masse salariale en elle même de 2,35%. Comme on ne peut pas baisser les rémunérations de tout le monde de 2,35%, il ne reste plus qu’à supprimer à terme en moyenne 2,35% des emplois, soit environ 157 sur l’université (6670 personnels environ). Voilà ce que dit la calculette, objet fétiche du gouvernement. Il n’y aura peut-être pas que 2019 qui sera une « année blanche », des postes vont peut-être bien s’évanouir dans la nature après, ils ne pourront pas être re-publiés tant qu’on sera dans les mêmes volumes budgétaires et il ne faudra plus prendre de contractuels sur les postes vacants pour faire baisser la masse salariale, car pour 2019, on n’est pas du tout à la diminution de la masse salariale, juste à sa "maîtrise" (= non augmentation par rapport à 2018). Et pourtant, chacune des universités pré-existantes au mastodonte fusionné était déjà à un effectif de personnel bien inférieur à son plafond d’emplois officiel notifié par le ministère (mais que la dotation budgétaire de chacune ne permettait déjà pas d’atteindre...). D’où la "rationalisation" de l’offre de formation dans le cadre du renouvellement des maquettes pour 2020-2024.
Claire Bornais
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