Appel du Snesup aux citoyens et aux candidats à la présidence de la république
L’avenir du service public est un enjeu majeur pour les prochaines échéances électorales
En cette période précédant des échéances électorales nationales, l’UMP et Nicolas Sarkozy essaient de faire oublier leur triste bilan économique et social en mettant en avant une soi-disant "réussite" des réformes de l’université, et en profitent pour tenter d’imposer ce modèle à l’Éducation nationale tout entière.
Pourtant, la réalité des réformes que nous vivons est toute autre (doux euphémisme !), et le SNESUP formule un « APPEL DU SNESUP POUR UNE RUPTURE PROFONDE ET DES MESURES IMMÉDIATES POUR LE SERVICE PUBLIC D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE RECHERCHE » contenant un ensemble de propositions et de mesures à mettre en oeuvre. Cet appel s’adresse aux politiques mais aussi aux électeurs !
En effet, l’idéologie néolibérale s’étend à la production et la transmission de connaissances depuis la fin des années 90, pas à pas, en vue d’aboutir à une "économie de la connaissance", conçue plus exactement comme un "marché" de la connaissance...
Pour ce faire, elle s’est d’abord attaquée à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche, avant de gagner maintenant l’ensemble de l’éducation en vantant ses effets sur le Supérieur :
- Le LMD a déréglementé les diplômes pour en faire une marchandise échangeable,
- L’autonomie des établissements incite à la recherche de fonds propres auprès des entreprises et surtout des étudiants, source bien plus facile à capter ! Ces derniers seront bientôt incités à emprunter plus pour obtenir le "sésame" d’entrée dans une Ecole ou une "Université" de prestige. Cela ne choquera bientôt plus personne qu’il soit nécessaire de payer ses propres études sans voir que cela signe la mort du caractère redistributif du financement par l’impôt qui permettait l’accès au Supérieur des milieux modestes, et comme si l’accès à la connaissance n’était qu’une affaire d’investissement personnel à rentabiliser dans une vision marchande de la vie ;
- L’apologie de la concurrence entre établissements, entre laboratoires, entre personnels est devenue un discours à la mode ;
- des dotations en capital accordées sur des indicateurs dits d"excellence", permettant de normaliser les comportements, se substituent aux subventions d’état assurant l’accès égal de tous au service public : plans campus, IDEX,...
La politique du libre marché n’améliore pas le service rendu à la société. Elle contribue à l’explosion des inégalités :
- entre les territoires,
- entre les étudiants, selon leurs origines sociales
- entre les domaines de recherche désormais choisis en fonction de leur capacité de valorisation immédiate,
Pour le "management des personnels", c’est la mise en concurrence de tous contre tous qui est aussi prônée, en vue d’exacerber un individualisme si aisé à soumettre... et ainsi de mieux réduire les résistances collectives :
- utilisation de l’évaluation comme méthode de management : évaluation des personnels par leurs supérieurs, par les étudiants-clients, ...
- logique des primes individualisées au lieu de la revalorisation des salaires.
Qui en profite surtout ?
En dehors d’un nombre limité de personnels universitaires dont les primes parfois disproportionnées peuvent légitimement alimenter le sentiment d’injustice ressenti par le milieu, il y a des enrichissements moins visibles mais très coûteux pour les deniers publics : celui des cabinets de consultance, des agences de notation, des évaluateurs extérieurs, des entreprises de BTP via les Partenariats Public-Privé (PPP),
Alors, on en redemande ?
Rappelez-vous : 2007, la CPU demande d’autonomie... Pécresse exauce leurs voeux !
Ces "chers" Présidents de la CPU ont cru que la course à l’autonomie serait la solution à l’insuffisance chronique de crédits d’investissements. La LRU, il l’ont bue jusqu’à la lie ! Et que diront-ils lors de leur congrès en Février 2012 ?
Fin 2011, ils ont crié "au secours" devant leurs difficultés budgétaires avant de négocier, d’accepter de trancher dans les volumes horaires des maquettes, de geler plus d’emplois que ceux qui avaient été récupérés par Pécresse en 2009...
Ne leur laissons pas la parole !
Il est temps de dire ce que l’on veut : "Une rupture avec toutes les politiques menées depuis une bonne dizaine d’années !"
Nous voulons que l’enseignement supérieur et la recherche se développent indépendamment des pressions émanant des forces politiques, économiques et religieuses, au service des besoins sociaux. Que la recherche puisse explorer avec curiosité, en sortant des sentiers battus et sans limitation le champ de la connaissance. Que les formations (initiale, continue, Formation Tout au Long de la Vie…) puissent développer, en lien avec la recherche, l’esprit critique, les connaissances de base pour la vie citoyenne et professionnelle au profit de toutes les catégories sociales et générationnelles. L’ensemble de ces missions doit bénéficier de l’échange, de la coopération au niveau national, européen et international.
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